samedi 14 mai 2011

Tomboy **


Drole de jeune cinéaste française qui ose parler de l'enfance des filles sous un jour particulier, Celine Sciamma livre un deuxième film à tendance autobiographique.
L'implication personnel de cette cinéaste des lesbiens se fait ressentir du début à la fin de ce tomboy.

Dès le début d'abord, avec cette mise en scène du fantasme de l'identification au père, cette opposition presque grossière avec la petite fille clairement identifiée à la mère.
Le fait de faire jouer le drame dans une famille unie n'est pas simplement un artifice scénaristique (comme j'ai pu le lire par ailleurs, chez des êtres dépourvus de sensibilité), mais comme une tentative de la cinéaste de se réconcilier avec ses propres parents. On sent tout l'amour qu'ils ont pour leurs enfants, c'en est très touchant.

Cela est accentué par la mise en scène très pudique de Celine Sciamma, qui sait rester à distance et laisser parler les émotions. Elle se contente de regarder (car on est clairement dans l'angle du voyeurisme) sans juger.

Très vite, Laure, l'héroïne, va se retrouver en interaction avec les enfants de son entourage. Et là, c'est le choc. Habillé en short et marcel, on la prend pour une fille. Surprise d'abord par la confusion de sa voisine Lisa, elle va très vite en prendre son parti et cultiver son identité masculine. A la maison, elle s'appelle Laure, dehors, elle s'appelle Michael.

Tous les fantasmes androgyne de la jeune fille . Le rejet de la condition féminine, la recherche de virilité, la volonté de ressembler jusqu'au bout à un garçon, l'attitude protectrice du père envers elle.
L'orientation sexuelle de la jeune fille se cristalise vite, lorsque Lisa tombe amoureuse de sa différence, sans connaitre son identité réelle.
Le film en devient presque malsain et pervers, la distance qu'a instauré la mise en scène devient voyeurisme léger, la sensualité à fleur de peau des jeunes filles apparait.
L'ambiguité des rapports de Laure avec ses proches devient dérangeante. Les fantasmes de la réalisatrice se font pressants.

Mais la réalité rattrape toujours le fantasme, et l'image que renvoie le miroir, au delà de son aspect androgyne est celle d'une femme qui ne pourra pas échapper à sa nature.
Au travers d'un évènement anodin, la supercherie sera révélée à tous. Les réactions des proches en disent beaucoup sur la jeunesse de la réalisatrice, rejet de la mère et compréhension du père, teinté d’ambiguïté (savait-il, imaginait-il ?). Finalement, Celine Sciamma revient dans le fantasme en réinstaurant une certaine ambiguïté dans le rapport mère fille, comme dans les relations avec la jeune Lisa.
La réalisatrice pardonne et s'excuse, et cette fin est très touchante.

C'est un film touchant, très personnel et bien mis en image. Si vous avez un certain rapport à l'androgynie et à l'ambiguité, nul doute qu'il vous touchera.

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