dimanche 8 mai 2011

Source code ***


Bien loin de la machine désincarnée et déshumanisée Inception, Duncan Jones, déjà auteur du prometteur Moon nous emmène dans un nouveau métrage surfant sur la vague des univers parallèles et de jeu avec le temps. 

Mais loin du manège orchestré et froid de Nolan, Duncan Jones frappe dès le début par sa remarquable agilité à nous immerger dans un rythme et à nous identifier à un personnage. 

La première scène est un modèle du genre. 
Après un générique plutôt intéressant alignant les vues d'un train de vie orchestré en plein fonctionnement, on termine notre course dans un train. Dans ce train, on se fixe à un homme. Cet homme se réveille et semble totalement dépaysé. Il se retrouve en face d'une jeune femme qu'il ne connait pas et qui lui fait la conversation comme à un amant.
On est saisi par l'efficacité avec laquelle Jones emploit l'arsenal du cinéaste malin. Décadrages, montage hyper cut, tout en laissant soin à son acteur de s'exprimer. La caméra suit le héros dépaysé dans ses mouvements, simplement et sans fioritures, et on se sent tout de suite rassuré sur la sincérité du film en même temps qu'on évite de se tuer les yeux.
Soudain, le train explose, tout le monde meurt et notre héros revient dans une sorte de machine à remonter le temps, en contact avec des officiels. On découvre sa mission, revenir encore et encore dans cette séquence de 8 minutes pour découvrir des indices susceptibles de démasquer le responsable de l'explosion.

Après une introduction aussi brillante, on pourrait penser que le rythme ira en faiblissant. Mais pas du tout. D'un coté, l'homme qui dit s'appeler Colter Stevens ne sait absolument pas ni qui il est, ni à qui il parle ni où il est, et est pressé par des généraux invisibles avides d'informations. On met donc du temps à s'habituer, tant les allez retour incessant sont menés avec le même talent par Jones. De l'autre coté, il tente de trouver plus d'indice à chaque fois, mais surtout, ses réactions sont différentes, il avance dans son enquête et sa perception du monde change à chaque détail qu'il observe.

Mais en réalité, ce qui donne vraiment toute sa dimension au film, c'est la façon dont il va, à chaque passage dans cette autre dimension s'attacher lui même à ces fantômes et tenter de modifier des évènements déjà figés. Pourtant, en dépit de l'apparente énigme insoluble, on remarque que la jolie damoiselle change de position à chaque passage, qu'il est capable de modifier en partie les évènements, de sauver temporairement la jeune femme.
C'est cela qui est absolument fascinant dans Source Code. Le film y gagne une profondeur inédite, jusque dans une séquence finale qui, bien que n'évitant pas LE poncif du genre, nous fait avaler une couleuvre énorme.

Il est vrai que le film comporte de nombreux défauts comme un certain manque de gravité dans le propos, un coté récréatif, qui bien que n'étant pas pour déplaire apporte tout de même un coté répétitif à une mise en scène qui finit sur l'espace d'un long par lasser, mais surtout qui se délite dans quelques artifices très américains, qui nuisent à la cohérence générale.
Les acteurs faisant le boulot contribuent cependant à nous faire croire à l'ensemble, et comme divertissement, entre ça et Fast and furious 5, vous savez quoi choisir.

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