mercredi 18 mai 2011

Minuit à Paris - deuxième *


J'aurais la peau de Woody Allen. Non content de m'avoir fait croire que j'avais passé une bonne séance la première fois devant Minuit à Paris, il m'a ce soir achevé en me couvrant de honte et d’opprobre à la simple pensée que j'ai pu faire une critique élogieuse de ce film médiocre et y entrainer des amis.

Dès les premières images, le doute régnait déjà. "Comment, c'était donc si long les cartes postales au début ?".
Le film a fait ensuite illusion quelques minutes, le temps de poser le personnage de Gil Pender (excellent Owen Wilson), avec moults éloges à Paris et une série de dialogues interminables. La découverte des parents, clichés ambulants de l'américain moyen, et du pédant (bon Michael Sheen), ou dragueur bobo.

Mais voilà, si cette première partie est assez réussie, très vite ça va se gâter. La première intrusion de Gil Pender dans son passé va se réveler sommes toute plaisante, puisque le concept est assez ludique, mais très vite on y sent la faiblesse des dialogues. Les mêmes dialogues qui avaient relegués la première partie au rang de réussie alors qu'elle aurait pu (du ?) être excellente.
Et cela va aller en empirant. En cherchant desespérement à trouver les bons mots, Woody Allen allonge inutilement même les répliques qui auraient du être bonnes. Il casse tout effet comique par son chic toc des dialogues trop écrits. Moi qui m'était presque forcé à rire de chacune des blagues et des effets comiques la première fois, je me suis couvert le visage de mes mains tant je me suis rendu compte de la nullité de la chose.

Il se laisse en plus aller à la tentation du running gag. Les seul ressort comique du film sont ainsi le jeu des 7 familles (qui est qui parmi ces gloires du passé) et le jeu sur le temps, lorsque le personnage parle d'antibiotiques à son amoureuse du passé, ou lorsqu'il appelle à la rescousse ses amis du passé contre sa fiancée.
Et même ces running gag ont tendance à perdre toute efficacité dans la répétition. Les rencontres s'enchainent toute plus creuse les unes que les autres, bien que la rencontre avec les surréalistes soit d'un autre niveau. Les pauvres sont en plus réduits à des clichés vulgaires, ressassant sans cesse les mêmes phrases. Le seul ressort comique qui fonctionne est le dialogue sur le rhinocéros, car il a la chance d'être justement surréaliste, et surtout de ne pas durer trop longtemps (qui plus est, la crédibilité de Dali est bien aidée par son excellent interprète Adrien Brody).

Finalement, à force d'être entrainé dans une structure répétitive, le film finit par ne plus rien provoquer sinon l'ennui et se révèle totalement vide de sens, au delà de son message simpliste.
Que ce soit le passé ou le présent, rien n'est jamais réellement passionnant, bien que le présent retombe parfois avec plus ou moins de bonheur dans ce qui a fait le succès du new yorkais, la chronique satirique. Le passé est plombé dès lors qu'apparait Marion Cotillard. Les scène où elle apparait sont très longue, trop longue, et donnent lieu à des dialogues et divers éloges de Paris indigestes et sans aucune mesure.

Le dernier point noir du film, c'est d'avoir tant de comédiens talentueux, et de n'en faire que des pantins qui finalement finissent par perdre toute humanité et donc tout intérêt. Seul Owen Wilson s'en tire en singeant son metteur en scène de façon brillante, jusque dans les yeux exorbités, peut être les seuls moments intéressants du film (si on avait retiré les "oh my good moi Gil Pender, j'ai rencontré blablabla" de la scène du lit). Vicky Christina Barcelona était au moins sauvé du néant par un trio d'acteurs au sex appeal n'étant plus à faire.
Encore une fois, le style redondant et carricatural de Woody Allen a frappé, quel dommage, lui qui s'était lancé dans une belle nouvelle voix de carrière avec ce qui restera surement comme son chef d’œuvre, Match Point. (et avec des comédiens bien choisis).

Et pour bien montrer que j'ai honte d'avoir pu me convaincre de la qualité d'un film aussi moyen au point d'en publier une critique élogieuse, ben je vais la laisser cette critique élogieuse. Après tout, elle dit aussi beaucoup de vrai sur ce film, qui est certes raté, mais ne mérite pas non plus de jets de cailloux.

Au final, on retiendra tout de même que Minuit à Paris réussit l'exploit d'être très représentatif de Paris. Oui oui, vous lisez bien. Les théâtres de marionnettes avec des toiles que tendent les marionnetistes par dessus lesquels ils font parler tant bien que mal leurs personnages, ce film en est l'illustration parfaite. Un cliché parisien parfaitement réussit par Woody Allen. Pour le coup ça donnerait presque envie de leur donner la pièce à ces braves gens.

2 commentaires:

  1. Voilà sans doute une première ! Deux critiques en peu de temps avec deux tonalités différentes... C'est pas trop compliqué dans ta tête ? ;-)

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  2. Il faut absolument que je vois ce film :)

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