dimanche 19 juin 2011

Le chat du rabbin **


Au coeur de la ville d'Alger, il y avait un chat. Ce chat appartenait à un rabbin. Ce rabbin avait aussi un perroquet. Un jour, le chat décida d'avaler le perroquet tout net. Et le chat y gagna une voix.
Manque de chance, cette voix, c'est celle de François Morel, et à la longue, elle tape un peu sur le système.

Mais finalement, si nous mettons de coté ce "petit" handicap, Le chat du rabbin s'avère être un petit divertissement plus que recommandable.
Voir pendant 1h40 des personnages mener de longues joutes verbales à coup de "des juifs noirs, ça ne s'est jamais vu" et autres répliques didactiques pourrait finir par lasser, mais finalement, on se prend au jeu, grâce au second degré omniprésent et surtout beaucoup plus adulte qu'il n'y parait. C'en est même parfois assez gênant quand on note que le public dans la salle était composé dans sa majorité de parents avec leurs enfants.

Mais pour nous autres adultes, ça ne pose aucun problème. D'autant plus que l'animation est à la hauteur. Le style graphique est magnifique et donne un charme très oriental à ce dessin animé made in France. Contrairement à un certain film d'animation (destiné au flop monumental), on sent ici la touche d'un auteur.
Le style est coloré, vif, parfois déjanté et psychédélique.

Certaines séquences sont vraiment enchanteresses. C'est le cas de toutes les séquences avec le russe trouvé dans la caisse, ou des moments de calme entre le rabbin et le cheikh. Le style graphique se délite volontairement pour une superbe séquence lorsque le valeureux russe arrive dans la cité tant cherchée et tombe sur des autochtones tout aussi racistes que les blancs du nord. On a également droit à une séquence assez hilarante d'apparition de Tintin, avec la voix de François Damiens (forcément).
 
En plus d'un graphisme, de dialogues enchanteurs, les personnages donnent une dimension émouvante au film. Ils sont enjoués, chaleureux, et donnent envie de faire ce voyage à leur coté. Même les plus antipathiques, comme le russe dépravé, sont, de par leur caractère unique des personnages sympathiques.
Et c'est là que commencent les problèmes. On avait cité François Morel, et bien à son image d'hyperactif exhubérant, le film va à 100 à l'heure. On sent parfois que le rythme devrait se poser un peu, avec parfois de magnifiques paysages. Mais non, il faut qu'il y ait 10 trucs qui se passent à la seconde, il faut qu'il y ait des doubleurs qui nous enerve toutes les 5 secondes avec leurs personnages exhubérants et leur doublage à coté de la plaque (le russe dépravé puisqu'on en parle en est le meilleur exemple).
Ne parlons pas de ces fameux dialogues qui partent souvent dans le didactique cérémonieux. Si parfois, Joan Sfarr parvient à en faire des moments franchement prenants, comme le combat entre le russe et le fils du prince musulman, le racolage devient poussif.

Non vraiment, ce chat du rabbin n'est pas idiot du tout par son ton anticonformiste, sa dénonciation de la religion qui ne fait que ternir notre passage dans cette vie, une religion qui n'écoute que ce qu'elle a envie d'entendre. Mais vraiment, il est trop saoulant pour convaincre, et finalement anecdotique.

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