vendredi 8 juillet 2011

Balada triste ****


Je ne regarderais plus jamais les clowns de la même manière après ce Balada triste.
Très sérieusement, voir un clown triste ivre d'amour et de vengeance massacrer la tronche du clown joyeux, qui est en fait une brute odieuse, puis s'auto-massacrer le visage à coup d'acide et de fer à repasser, c'est une expérience assez édifiante.
Et encore, ce n'est qu'une petite partie des exactions qu'Alex de Iglesias fait subir à ses personnages au nom d'un jusqu’au boutisme malsain.

Dès la séquence d'ouverture, le ton est donné. D'un coté, les rires des enfants devant les facéties des clowns laissent penser qu'il s'agit d'une fable certes un peu malsaine, mais destiner à amuser.
Mais très vite, voilà notre clown joyeux plongé dans l'enfer de la guerre civile espagnole. Pris d'une folie meurtrière, il massacre le bataillon ennemi. 
Voilà ce que révèle ce très grand film, à travers un générique qui mêle image des plus grands dictateurs mondiaux, des vacances au soleil et autres joyeusetés. L'absurdité de la vie, de la mort, et surtout de la violence et de la haine.

A travers l'enjeu le plus universel qui puisse exister, la lutte pour l'amour d'une femme, Alex de Iglesias fait ressortir tout ce qu'il y a de plus brutal et primaire en nous.
On n'a plus affaire à des êtres moralisés, mais bien à des archétypes grossiers et barbares. Une femme comme possession béate, deux hommes qui luttent en détruisant tout sur leur passage.
Et le réalisateur génial se met à la hauteur de ses personnages.

Avec des ruptures de ton permanente, un mauvais gout persistant, un montage taillé au hachoir, qui ne laisse pas une seconde de répit, et un soin de chaque plan, on est embarqué dans cette aventure incroyablement puissante. L'ambiance est pesante, mais ludique en même temps. Le tour de force réussi par Alex de Iglesias est très fort.

On pourrait penser qu'une telle avalanche de mauvais gout permanent finirait par faire décrocher son spectateur, mais il n'en est rien. On est constamment surpris, et le rythme allant crescendo atteint son apothéose magnifique lors d'une séquence dantesque au sommet de l'immense croix franquiste.
A peine la belle morte, le pilote de moto suicidé que les deux clowns se retrouvent dans la camionnette, et jouant leur rôle dans la comédie humaine, rient et pleurent le malheur arrivé.

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