mardi 19 juillet 2011

Omar m'a tuer **


En choisissant de transposer l'une des affaires judiciaires les plus marquantes de ces dernières décennies, Roschdy Zem nous livre un beau moment d'émotion, imparfait mais sincère et fort.

Le jeune réalisateur a su prendre le meilleur des deux histoires qu'il monte en parallèle pour en sortir un récit militant, mais également révélateur d'un triste constat. Aujourd'hui, les membres de la haute sont toujours mieux protégé, malgré la justice républicaine, et l'argent fait le bonheur des riches, ainsi que le malheur des pauvres.
Mais son film est également un appel à tous les misérables. Par le courage de son avocat, son combat personnel et l'acharnement de sa famille, Omar Raddad est aujourd'hui libre, et espère prochainement être réhabilité.

Oui, c'est bel et bien cette version qui est défendue par Roschdy Zem, mais malgré tout, il ne tombe pas dans le violent réquisitoire.
Son film est avant tout un film sur le combat d'un homme prêt à tout pour recouvrir son honneur et sa dignité.
A ce titre, Sami Bouajila est absolument bouleversant. Son regard seul est d'une telle intensité qu'il suffit sans parler plus que quelques mots de français à susciter une grande émotion. Il se met dans la peau d'Omar Raddad avec une aisance stupéfiante et se place déjà en candidat pour les prochains césars.

Malgré tout ce que l'histoire apporte au final en réflexion, c'est la partie concernant la contre enquête menée par Pierre Emmanuel Vaugrenard qui se révèle le point faible du film, et qui lui fait perdre en intérêt, en hachant la partie concernant le calvaire d'Ommar de passages franchements dispensables sur les énièmes tentatives de prouver que tout cela n'est pas possible. On sent que Roschdy Zem a voulu faire passer son message réquisitoire via cette enquête et c'en est parfois gênant.
Heureusement, il réussit in extremis à rétablir son intérêt, notamment lors d'une belle scène de rencontre. Il parvient à faire passer dans cette rencontre un message quelque peu paradoxal, lorsque le photographe demande à l'écrivain, pourtant fraichement nommé à l'académie française de s'écarter pour prendre en photo le sujet de son livre, Omar Raddad. Seul.
On s'étonne alors, et on se demande si son but était d'exclure un peu par jeu l'écrivain qui s'en était finalement servi comme simple sujet ou de dénoncer cette société qui exclut la classe intellectuelle pour se consacrer aux faits divers.

La mise en scène est sobre et soignée, et ne fait pas de fautes de gout. Roschdy Zem parvient à rendre crédible son montage malgré un essoufflement des deux parties de par leur entremêlement même. Au final, on sort donc du film avec l'impression d'avoir passé un bon moment, honnête et bien scénarisé, cachant bien son jeu, malgré une simplicité apparente.

Et comment ne pas retenir cette dernière scène, très forte, où on voit Omar verser des larmes dans sa salle de bain. L'aliénation qu'il a subi avec la prison se traduit par sa tristesse d'être devenu étranger aux yeux même de son propre fils.

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