vendredi 20 mai 2011

La conquête **


Saviez vous que Nicolas Sarkozy était un chic type ?
Et bien vous l'apprendrez dans La conquête. Nicolas Sarkozy y est représenté comme un brave type qui "n'a pas choisi la politique mais a été choisi par la politique". Oui, il aime sa femme. Oui c'est pour elle qu'il part gagner les élections.

Et à l'instar du personnage central, tous les hommes politiques sont présentés sous ce jour étrange d'hommes qui n'étaient pas des sales types à la base. Même De Villepin semble capable de se sentir touché lorsque son président et "ami" Jacques Chirac fait son AVC.
La réussite de La conquête dans sa mission de représentation de la vie politique est indéniable. En respectant scrupuleusement (peut être trop) la vérité historique (Clearstream, les émeutes en banlieues...), Xavier Durringer peut imaginer dans un carcan bien établi les interactions de ces hommes, faisant de chaque scène un petite saynète, dont la plupart sont très drôles, en grande partie car on connait les personnages.
Grâce aux excellents dialogues, et à des interprètes au diapason, Patrick Rottman et Xavier Durringer créent des personnages haut en couleur, caricaturaux, mais semblables à leurs modèles, et tellement vivant que finalement, on est prêt à tout laisser passer.

La politique, c'est une affaire de frustrés, qui se sentent obligé de jouer de leur libido pour se sentir forts.
Ils sont odieux dans leurs rapports, bien que restant parfaitement respectable en tête à tête. 
Ils ont tellement envie du pouvoir qu'ils n'hésitent pas à user de toutes les ficelles et semble en permanence à fleur de peau, à l'exception de Chirac, à la libido apaisée par ses années au pouvoir l'ayant amolli.
Ils sont chez eux dominés par leurs femmes, tenus en laisse par les couilles. Cecilia, qui a on se le rappelle trompé son mari parce qu'il était politique et que visiblement elle ne savait pas bien ce que ça impliquait pour la vie de famille, se permet de virer les hommes de la campagne de son mari, et Rachida avec un air de pouffiasse bienvenu d'en profiter en narguant ses petits camarades. Il n'y a qu'à voir son petit sourire satisfait de boniche lorsque les hommes se font virer du restaurant. Bernadette est également montrée comme la conseillère numéro une de son mari, qui le traite comme l'enfant qu'il est.
Du coup, les mâles ne semblent plus du tout méchants, ils sont juste pathétiques, et par là touchants, tandis que les femmes sont froides et calculatrices. 

Et le personnage de Nicolas Sarkozy est le plus représentatif de "l'homme politique".
Durringer montre à la fois son talent pour l'expression en public, avec une hargne contenue, et un sens de la répartie politique et tous ses problèmes privés, ce qui a pour effet de personnifier cette dualité dans l'homme politique, frustration qui entraine un déchainement phallique et donc une détermination sans failles.
Malheureusement, il se plante totalement dans les scènes intimistes. L'actrice qui joue Cécilia est d'une nulité sans nom qui contraste avec le talent un brin surjoué des interprètes masculins et les scènes sont d'une platitude à toute épreuve.

Durringer a une idée affreuse de mise en scène pour représenter la dualité de Sarkozy qui consiste en un montage parallèle entre les évènements de 2002 à 2007 et le jour de l'élection. Non seulement cela crée un rythme complètement foireux, mais donne en plus le ton en commençant par une image du "présidator", prostré, une alliance à la main alors qu'il aurait été de bon ton de commencer par les apparences plutôt que sur le réel.
On a une impression de toc, de faux rythme juste incroyable.

Il est par ailleurs bête de se rendre compte pendant ces scènes intimes que la mise en scène ne parvient jamais à créer des émotions. Et pour cause, elle se contente de suivre. La seule idée véritablement bonne que j'ai trouvé est celle du plan séquence assez réussi à la plage.

Heureusement, ce faux rythme a le mérite de privilégier les saynètes entre hommes politiques. Du coup, on ressort de la salle avec l'impression plaisante d'avoir passé un bon moment.
Ce n'est clairement pas un chef d’œuvre, mais on sort avec le sourire.

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