J'ai presque honte de n'avoir jamais entendu parler de Matthew McConaughey avant de voir cette
défense Lincoln. Mais finalement, au vu de ce qu'on dit de ses performances d'acteurs et de la prestation qu'il nous livre ici, ça vaut peut être mieux. Justement, en parlant du Matthew McConaughey d'avant, je suis allé voir ce film avec mon doudou, qui m'a dit avoir été un peu déçu par l'acteur, qui bien que toujours sexy, avait selon lui mal vieilli.
Bien loin de moi toute considération de comparaison, le Matthew McConaughey d'aujourd'hui est déjà bien assez sexy, et les scènes où son sex appeal font ressortir d'autant plus son jeu troublant et ambigu, qui sert un rôle taillé pour lui.
Mais assez parlé de doudou, de moi et de Matthew McConaughey. On est d'abord là pour parler d'un film.
Et cette
défense Lincoln, puisqu'on en parle est assez réussie (mise à part son titre français, absolument incompréhensible).
Je dirais même que, si Brad Furman s'était épargné quelques tics foireux comme les flash back aussi grossièrement amenés par la mise en scène que finalement inutile et dans l'ensemble une réalisation de série B efficace mais impersonnelle, on aurait tenu là un grand film.
Oui, vous avez bien lu, un grand film.
Dans l'état actuel, c'est uniquement à son scénario machiavélique et à son acteur troublant (et sexy) que
La défense Lincoln doit son charme.
L'idée de base du scénario est affreusement perverse. Il est assez rare de voir un film construit sur le personnage de l'avocat, en général cantonné au rôle de méchant gripe sou de service dans les films judiciaires.
Ici, les scénaristes ont été bien plus intelligents, pour nous parler de la faillite de tout un système judiciaire, représenté par cette affaire, dans laquelle le malheureux avocat se retrouve englué.
On ne sait jamais réellement où est la vérité, et lorsque la vérité sur l'affaire semble éclater aux yeux de notre avocat, c'est pour mieux se concentrer sur la façon dont l'intrigue va pouvoir être mené à son terme.
La double manipulation, le double jeu de Michael Haller vont faire en sorte de créer le malaise jusqu'au bout. Forcé de défendre un client qu'il sait coupable, il va en même temps faire en sorte que la vérité éclate au grand jour.
La façon dont les scénaristes ont amené les thèmes, pour synthétiser les errements de la justice américaine, est également troublante et dérangeante. C'est par les mots d'un coupable qui veut avoir l'air innocent que sort la principale interrogation. Ici, on battit une société sur le fait que les coupables soient en prison, pas que les innocents soient en liberté. C'est finalement toute une société qui n'en garde finalement que rancoeur et haine, et d'où le démon peut surgir n'importe quand et n'importe où. Juger de la culpabilité ou non de Jesus Martinez l'a conduit en prison, et le coupable n'en court pas moins.
La critique touche non seulement le métier d'avocat, à travers cette remise en cause de Michael Haller, mais également tout le système, basé sur des personnalités libidineuses, qui ne songent qu'à leur lutte (avocat versus procureur) et sont prête à venir présenter de faux témoignages.
Même les derniers mots de Michael Haller sont ambigus. Après l'avoir entendu vanter une société basée sur les innocents et pas sur les coupables (à travers une simple réponse à la question de son homme de main), le voilà qui repart dans un numéro cabotin d'avocat sexy, qui "fidélise la clientèle". Nécessité de survie et attrait irrépressible d'un système qui corrompt par l'argent (et la gloire), voilà qui devrait suffir à faire plier le plus intègre des hommes.
Quelle dommage vraiment, qu'un réalisateur digne de ce nom n'ait pas été aux commandes, afin d'extirper ce film de la banalité que ne mérite ni son scénario, ni son acteur.