A peine sorti de l'escarcelle du tâcheron Klapisch, qui n'a pu en tirer qu'un navet abyssal, Ma part du gateau, le sujet de la crise financière et de ses conséquences tombe entre les mains de John Wells, réalisateur et scénariste de séries télévisés.
Et mon Dieu, grâce sois rendue à Wells pour avoir osé montrer autre chose que ce sale cinéaste gauchiste horriblement démago.
Loin de montrer les prolétaires réduits au chômage, Wells choisit de nous montrer la classe aisée, qui joue au golf, roule en porsche, part en vacances, vit dans des grandes maisons.
Finalement, en dépis de tout ce qu'ils ont obtenu, ils ne sont rien de plus que les petites gens. Aussitôt réduits au chômage, il ne leur reste rien. Qu'ont-ils fait de leurs mains ? Rien. Tout ce qu'ils ont accompli se résume dans un contrat de travail avec un salaire et un poste marqués dessus.
Malgré tous leurs avantages sociaux, ils vivent dans une peur absolue de se retrouver sans emploi, comme n'importe quel prolétaire.
La scène d'entrée est absolument terrible, on se doute de ce qui va arriver, mais l'angoisse qui étreint ces hommes et ces femmes et l'atmosphère d'incertitude qui pèse est superbement rendue. On croit au suspense, pour finalement voir une nuée d'hommes et de femmes, un carton sous le bras avançant d'un air hagard vers leur voiture.
On se prend tout de suite d'affection pour ces personnages grotesques. Ils se sentent au dessus, mais ils sont absolument ridicules.
Une seule scène suffit à les décrire, cet entretien entre Phil (Chris Cooper) et sa conseillère de l'agence de recherche d'emploi.
Pour incarner ces personnages, on a le droit à un gros casting, Ben Affleck (Bobby) est superbe, ainsi que Tommy Lee Jones (Gene). Mais le plus impressionnant est Chris Cooper, il est absolument terrassant dans le rôle de cet homme qui a tout donne à son entreprise, depuis qu'il était ouvrier. Il respire le désespoir et le renoncement par chaque pore de sa peau.
La mise en scène de Wells est sobre et élégante. En épurant au maximum ses cadres, en instaurant un rythme lent et presque contemplatif et en choisissant un accompagnement musical discret, il communique une impression de spleen terrible. C'est du grand art.
Bien sur, on ne nous épargne pas un traitement typiquement américain. La confrontation entre le beau frère, incarné par un Kevin Costner écrasant de présence à l'écran, et Bobby prend l'allure d'une lutte des classes avant la réconciliation tant attendue, le fiston revend sa xbox pour aider ses parents.
Très démonstratif, le film est très lourd dans son opposition d'un capitalisme sauvage avec un capitalisme à la papa, qui respecte ses employés. Il en résulte que le film perd quelques intérêt.Qu'importe, la démonstration reste d'actualité et si la fin est clairement bâclée, le film demeure un modèle rien que pour le choix de John Wells de nous montrer ces cadres.
Assurément pas un grand film, mais à voir, vraiment, vous n'en ressortirez pas déçus. Un film référence sur la crise financière.